Nous avons déjà publié un article sur le sujet et celui-ci a bénéficié de plusieurs commentaires intéressants qui montrent que nos lecteurs s'intéressent à l'économie locale.
Lors du dernier conseil communautaire, une délibération portait sur un recours au Conseil d’Etat contre le Pôle de la mode au Muy.
Cette délibération faisait ressortir:
- les impacts de circulation sur les infrastructures avoisinantes,
- l’altération d’un ensemble paysager,
- l’absence d’une concertation entre les acteurs concernés,
- l’absence d’éléments de complémentarité des activités avec risque d’effondrement de l’économie locale,
- enfin, l’absence d’éléments crédibles sur l’intégration du projet dans la vie économique et sociale locale.
Avant le vote, les élus du Muy avaient déposé devant les autres élus communautaires, un texte avec leurs arguments en faveur de cette réalisation :
- l’impact du projet sur la circulation a été vérifié par un bureau d’étude, il n’y a aucun effet de saturation, aucune incidence pour l’accès aux secours,
- le projet s’insère sur un terrain qui a fait l’objet de travaux pour réaliser un complexe hôtelier abandonné depuis 20 ans,
- le porteur du projet a sollicité de nombreux rendez-vous avec le président de la CAD, mais s’est heurté à des refus,
- le bureau d’études « Atout France » a mis en évidence que le positionnement haut de gamme du projet est susceptible d’attirer une clientèle touristique consommatrice de produits de luxe et que cette offre est complémentaire avec l’offre existante,
- l’association des commerçants du Muy est favorable à ce projet et elle a signé, avec le porteur du projet, un protocole accordant un droit de préférence sur 15 % des cellules du pôle au profit des commerçants du Muy,
- ce projet entraînerait la création de 572 emplois directs et 444 emplois indirects (chantier, sécurité, espaces verts),
- le pôle de la mode n’aura aucun impact sur le tracé du réseau ferré ni sur l’éventuelle gare LGV qui étant à 500 mètres du projet ne pourrait avoir qu’un effet favorable.
C'était donc les avis des deux parties concernant ce projet ! On notera qu'ils sont complètement opposés et que celui de la CAD ne semble pas tenir compte des études engagées et des résultats. Disposerait-elle, elle-même de d'études et de résultats contradictoires, ou sa position est-elle empreinte d'a priori subjectifs ?
Avant le vote, le président de la CAD, M. Olivier Audibert-Trouin, avait souligné que « la vie en société, c’est la proximité » et avait évoqué la « cohésion territoriale ». Selon cet angle de vue, cette cohésion a été mise à mal par la décision du maire du Muy. Cette vision partiale est intéressante et elle mériterait d'être développée, en allant vite "le bateau coule, tout le monde doit-il se noyer ?".
Après le vote qui a été boycotté par les élus du Muy, Mme Boyer, maire de cette commune, a revêtu un tee-shirt ainsi que les élus du Muy sur lequel on pouvait lire « oui, au pôle de la mode du Muy » et en a offert au président de la CAD.
Au cours des discussions, on a pu relever l’intervention de M. Jacques Lecointe, maire de Trans en Provence : « si Le Muy prétend que ce projet verra la création d’emplois, il en supprimera d’autres ».
On se demande à quelles autres communes de la Dracénie, il pensait ; certainement pas à celle de Trans en Provence qui ne dispose d’aucun magasin appartenant au secteur commercial concerné et dont le développement économique durant ces quinze dernières années est loin d'être démontré.
Mais au-delà, la question à se poser, n'est -elle pas de savoir tout simplement si le bilan économique et en terme d'emploi sera positif ? Il semble que la réponse, même la démonstration, a déjà été apportée à l'occasion de la création de tels pôles dans d'autres lieux.
Une autre intervention mérite d’être citée, celle du président de la CAD : « Je respecte les décisions du Conseil Municipal du Muy, mais il y a certaines positions qui sont contestables ».
Heureusement qu’il respecte les décisions du Conseil Municipal...mais il ne semble cependant pas les apprécier.
Il faut dire que c’est sans doute la première fois que tous les élus d’une commune de la CAD ont une telle position lors d’un vote et cela rompt avec le doux ronronnement des votes unanimes auquel le Conseil était habitué.
Pour ce qui concerne les Communautés d'agglomérations, dont la CAD, Leurs futurs présidents vont devoir s'attendre à des débats plus fournis et des votes contestataires lors de certaines délibérations, avec l’arrivée à partir de mars 2014, de conseillers d’opposition (nouvelle réforme territoriale, nous reviendrons ultérieurement sur ce sujet).
S'agissant de la commune du Muy, ne doit-on pas doublement s'interroger ?
La proximité avec la Communauté d'agglomération "Var Estérel Méditerranée" est un centre d'attraction susceptible de se révéler plus intéressant pour le développement de cette commune. Déjà, une tendance au rapprochement s'était faite jour, il y a quelques années. Celle-ci pourrait renaître, surtout si l'appartenance à la Communauté d'agglomération de la Dracénie se révélait être un frein. Oui, bien sûr, et comme le pensait le Président de la CAD, au titre de la cohésion territoriale !